La permaculture, cette approche intégrative qui révolutionne notre rapport à l'agriculture et aux écosystèmes, trouve ses racines dans les travaux visionnaires de Bill Mollison. Cet Australien a développé une méthode complète qui guide aujourd'hui de nombreux jardiniers et agriculteurs vers des pratiques plus respectueuses de la nature.
Les fondements de l'approche de Bill Mollison
Bill Mollison, né le 4 mai 1928 en Tasmanie et décédé en 2016 à Hobart, a développé avec David Holmgren un système agricole basé sur l'observation minutieuse des écosystèmes naturels. Cette méthode vise à créer des habitats humains durables en harmonie avec la nature plutôt qu'en opposition avec elle.
L'origine de sa vision de la permaculture
Avant de devenir un pionnier de la permaculture, Bill Mollison a exercé divers métiers qui ont nourri sa compréhension du monde naturel. En 1974, il collabore avec David Holmgren pour formaliser le concept de permaculture. Ce terme, fusion de « permanent » et « agriculture », a été initialement conçu comme une réponse aux méthodes agricoles intensives. En 1978, Mollison fonde la communauté Tagari sur 28 hectares, un laboratoire vivant des principes qu'il défendait. Son travail s'inspire également des techniques de l'agriculteur japonais Masanobu Fukuoka, qui prônait une agriculture naturelle sans labour. En 1981, sa contribution à l'agriculture durable est reconnue par le prestigieux Prix Right Livelihood.
Les principes directeurs qu'il a établis
Bill Mollison a formulé dix principes fondamentaux qui guident la pratique de la permaculture. Il s'agit notamment de prévoir l'efficacité énergétique en gérant les flux d'énergie de manière optimale; de réfléchir à l'emplacement des éléments pour maximiser leurs interactions positives; et d'entretenir les zones de bordures où la biodiversité s'épanouit. Il préconise également que chaque élément d'un système remplisse plusieurs fonctions, tandis que chaque fonction soit assurée par plusieurs éléments pour garantir la résilience. Travailler avec la nature plutôt que contre elle constitue un principe central, tout comme la réflexion sur l'impact de chaque changement apporté. Faire circuler l'énergie, transformer les problèmes en solutions et prendre conscience que toute action influence l'environnement complètent cette vision holistique de l'agriculture et de l'habitat.
Les zones 2 et 3 : production alimentaire et foresterie
Dans le système de zonage établi par Bill Mollison, les zones 2 et 3 représentent les espaces intermédiaires d'un terrain aménagé en permaculture. Situées entre le jardin quotidien (zone 1) et les espaces plus sauvages (zones 4 et 5), ces zones sont dédiées à la production alimentaire à moyenne échelle et à la gestion forestière productive. Leur aménagement suit les principes fondamentaux de la permaculture : optimisation des ressources, respect des cycles naturels et création de systèmes résilients.
Techniques de culture en zone semi-proche
La zone 2 constitue une extension naturelle de la zone 1, mais nécessite moins d'interventions quotidiennes. Elle accueille les cultures qui demandent une attention régulière mais pas quotidienne. On y trouve typiquement des serres, des arbres fruitiers à taille modérée, et des potagers plus autonomes que ceux de la zone 1. Les plantations y sont organisées pour maximiser les interactions bénéfiques entre espèces. La culture associée y est pratiquée pour favoriser la biodiversité et limiter les ravageurs. Les haies utiles y trouvent leur place, servant à la fois de brise-vent, d'habitat pour la faune auxiliaire et de source de nourriture. L'arrosage peut être semi-automatisé grâce à des systèmes de récupération d'eau de pluie, associés à un paillage abondant pour maintenir l'humidité du sol. Dans cette zone, on peut également installer des animaux semi-autonomes comme les poules, qui contribuent à l'entretien du système en consommant les déchets végétaux et en fournissant de la fertilité via leurs déjections.
Gestion des arbres et des animaux domestiques
La zone 3 est caractérisée par une approche plus extensive de la production, avec des interventions humaines moins fréquentes. Cette zone accueille les cultures à grande échelle, les vergers productifs et les plantations forestières utiles. Les arbres y sont sélectionnés pour leur rusticité et leur faible besoin d'entretien. On privilégie les variétés locales adaptées au climat et au sol. La gestion forestière en permaculture s'inspire des forêts naturelles avec une structure à plusieurs étages : grands arbres, arbres moyens, arbustes et plantes couvre-sol. Cette disposition maximise l'utilisation de l'espace et de la lumière tout en favorisant la biodiversité. Dans cette zone, on pratique aussi l'élevage extensif d'animaux adaptés au terrain comme les moutons ou les chèvres qui participent à l'entretien des espaces en broutant. Les mares et réservoirs naturels y trouvent leur place, servant à la fois à l'irrigation, à la régulation du microclimat et d'habitat pour la biodiversité. La zone 3 peut également inclure des cultures de céréales ou de légumineuses à grande échelle, gérées selon les principes de l'agriculture naturelle inspirés par Masanobu Fukuoka, avec un minimum de travail du sol.
L'application pratique du zonage selon Mollison
Le zonage représente un aspect fondamental de la permaculture telle que Bill Mollison et David Holmgren l'ont développée dans les années 1970. Cette méthode d'organisation spatiale vise à répartir les éléments d'un système selon leur fréquence d'utilisation, les besoins des plantes et animaux, ainsi que l'énergie nécessaire pour les entretenir. Le modèle de zonage s'applique aussi bien en milieu rural qu'urbain, et même sur un simple balcon.
Planification d'un système basé sur la fréquence d'utilisation
La planification par zones constitue une approche pratique pour organiser l'espace de manière logique et économe en énergie. Bill Mollison a établi un système de cinq zones concentriques autour de l'habitat humain, chacune ayant sa fonction et son niveau d'intervention spécifique. La zone 1, située au plus près de la maison, accueille les éléments nécessitant des soins quotidiens comme le potager, les herbes aromatiques, le composteur ou les petits élevages. La zone 2 s'étend au-delà et comprend des éléments demandant une attention régulière mais moins fréquente, tels que la serre, les arbres fruitiers ou les animaux semi-autonomes. La zone 3 est destinée à la production extensive avec des interventions occasionnelles : grandes cultures, arbres fruitiers à grande échelle ou mares. La zone 4 reste semi-sauvage avec des interventions minimalistes, tandis que la zone 5 constitue un espace totalement sauvage, sans intervention humaine, servant de refuge pour la biodiversité et de lieu d'observation et d'apprentissage.
Adaptation du modèle des zones aux différents contextes
L'un des atouts majeurs du système de zonage en permaculture réside dans sa flexibilité et son adaptabilité à divers contextes. Pour mettre en œuvre ce modèle, Mollison recommande une démarche en quatre étapes. D'abord, l'observation attentive du terrain pour analyser les flux naturels, les trajets humains, les ressources disponibles et les contraintes existantes. Ensuite, la définition des besoins et priorités spécifiques au projet. Puis, la réalisation d'un plan détaillant les différentes zones et les synergies entre éléments. Enfin, la mise en place progressive du système avec une attitude d'ouverture aux ajustements. Cette approche s'adapte à toutes les échelles, du grand domaine agricole au petit jardin urbain. La mise en pratique du zonage selon Mollison apporte des avantages notables : optimisation du temps et de l'énergie, réduction de l'impact environnemental, amélioration de la productivité et création d'un écosystème résilient face aux changements. Le zonage n'est pas figé dans le temps mais évolue avec l'expérience acquise et les modifications de l'environnement ou des besoins des habitants.